Quand l’arrêt maladie devient la seule solution

Arret maladie en entreprise

Ce mois-ci, 6 des participants à notre bilan de compétences sont en arrêt maladie.

L’un parce qu’il est épuisé physiquement, l’autre parce que son manager n’a pas accédé à sa demande de rupture conventionnelle alors qu’il a l’impression qu’il a tout donné pendant des années pour sa boite, un autre encore parce que le retour au bureau se fera finalement totalement en présentiel alors qu’il a déménagé récemment.

Si peu ont des symptômes physiques totalement handicapants, tous sont en réelle souffrance psychologique et, surtout, n’auraient jamais imaginé en arriver là.

Ils ressentent tous de la culpabilité mais n’ont pas trouvé d’autre solution.

Depuis 2020, le nombre d’arrêts maladie ne cesse d’augmenter. Le nombre d’arrêts de travail a bondi de 30% entre janvier et mai 2021, selon une enquête menée par le groupe Malakoff Humanis (le covid 19 étant à l’origine de moins d’un arrêt maladie sur deux).

Les arrêts pour raisons psychologiques continuent d’augmenter et nous poussent forcément à nous interroger.

Sans entrer dans le débat de la justification d’un arrêt maladie, comment anticiper les choses pour que les situations conflictuelles et les frustrations ne se soldent pas automatiquement par un arrêt maladie, situation aussi négative pour l’entreprise que pour le salarié ? Quels sont les signes avant-coureurs à détecter ? Que mettre en place à ce moment là ?

Face au mal être de certains salariés, l’arrêt maladie est devenue la solution

 

Toutes les personnes en arrêt que l’on a interrogées sont unanimes : elles n’auraient jamais imaginé en arriver là.

Pourquoi ?

Parce que « cela ne leur ressemble pas ».

Pourtant, toutes ont vu leur ras le bol dépasser leurs principes et leur morale.

Elles ont pris la décision de demander un arrêt maladie face à des situations qu’elles n’arrivaient pas à surmonter. Néanmoins, pour toutes, l’inactivité est pesante. Elles ressentent pour la plupart de la culpabilité, tant envers leur entreprise, leur équipe, que leur entourage personnel.

Certains en parlent le moins possible autour d’elles. Se renferment sur elles-même. (« Je n’en parle même pas à mes parents car ils me verraient comme un « je m’en foutiste ». Eux qui n’ont jamais posé un seul jour maladie dans leur carrière »).

Même si elles ne sont pas confrontées aux difficultés quotidiennes de leur job, leurs journées ne sont pas pour autant plus agréables.

En quelques années, l’arrêt maladie est devenue une arme de destruction massive pour les entreprises. Pourtant, il signe un échec tant pour l’entreprise que pour le salarié.

L’arrêt maladie, une situation perdant – perdant

 

Quand l’arrêt maladie est posé en réponse à une frustration, personne n’est gagnant :

  • Avant et pendant l’arrêt maladie, le salarié qui s’arrête prend le risque de casser la relation de confiance (parfois déjà fragile) qu’il a instauré avec son manager ainsi qu’avec certains membres de son équipe (eux aussi pénalisés),
  • Au retour, ce n’est souvent « plus la même chose ». Le manager n’a plus confiance. Rien n’a été préparé / réparé pendant l’absence. Le salarié réalise qu’il ne se projette plus dans la structure.

Dans plus de la moitié des cas, cette période signe d’ailleurs un point de non retour et le salarié quitte l’entreprise dans les mois suivant son absence.

Seul point positif : cette transition est parfois l’occasion de préparer la suite. Pourtant, n’y a t-il pas de situation et de contexte plus propice pour réfléchir et potentiellement envisager l’étape d’après ?

Face à la multiplication des arrêts maladie pour raisons psychologiques en entreprise l’enjeu, plus que de mettre en place des actions correctives et des contrôles, ne serait-il pas de les voir venir ?

 

Comment anticiper le point de non retour que représente un arrêt maladie ?

 

Quand on sait que la plupart des arrêts qui sont provoqués par du stress, de l’épuisement professionnel ou même des burn out se soldent pas un départ, on peut se demander s’il est forcément utile d’en passer par là …

Car, finalement, comment on en est arrivé là ?

A quel moment ça a échoué ?

Qu’est ce qui fait que des actions n’ont pas été menées en amont et que la communication a été rompue ?

A t-on au moins essayé de discuter ?

Ne pourrait-on pas, en interne, faire la liste des situations à risques afin de redresser le tir s’il est encore temps ? Ou bien même d’amorcer un départ ? Des situation comme, par exemple :

  • Un salarié qui avait l’habitude de beaucoup parler et qui commence à se renfermer,
  • Un autre qui a toujours été force de propositions et se laisse porter par les dernières décisions prises,
  • Une restructuration en cours au sein de l’entreprise,
  • Une femme de retour de congé maternité qui ne se retrouve plus dans son poste,
  • Une personne qui a exprimé le souhait d’évoluer en interne et n’a pas été écoutée,
  • Une personne qui a demandé une rupture conventionnelle qui a été refusée ?

Dans tous ces cas de figure, plutôt que de laisser la situation s’aggraver, il est impératif de recréer une communication, comme dans un couple.

En effet, comme dans une relation amoureuse, peut-être que c’est vraiment la fin. Peut-être que l’on s’est aimés mais que l’on ne s’aime plus. Peut-être aussi que l’on s’aime encore mais que l’on ne s’écoute plus …

Ces derniers temps, certaines entreprises nous ont sollicité pour accompagner leurs collaborateurs démunis avec un bilan de compétences. Parmi eux, certains sont partis en ayant identifié de nouveaux projets (ailleurs), d’autres ont pu trouver ce qui leur permettrait d’être plus alignés avec leurs besoins et leurs envies (des évolutions, des formations, des projets complémentaires ou des aménagements de leurs conditions de travail).

Bien évidemment, réaliser un bilan de compétences n’est pas obligatoirement la solution… mais cela peut avoir le mérite de prendre le temps de se poser, ensemble ou pas, les bonnes questions.

Dans tous les cas, au sein de l’Escale, cette situation nous touche. On constate chaque jour à quel point il va y avoir des choses à mettre en place tant du côté des salariés que de l’entreprise.

Dès lors, que vous soyez dirigeant, RH ou collaborateur, on serait ravis d’avoir vos avis, suggestions, témoignages et idées sur le sujet.