Je n’avais pas du tout prévu d’écrire un article sur la confiance en soi. D’abord parce que je ne me sens pas légitime pour donner des conseils le sujet mais, surtout, parce que je trouve les articles sur ce thème généralement très théoriques.
Pourtant, j’ai eu une révélation en écoutant un des épisodes du podcast Vlan, qu’une amie m’avait envoyé ! (Merci Claire !).
Dans l’interview en question, Emma Monsaingeon, Directrice de mission au sein de l’institut Eranos, raconte comment elle et son équipe ont dirigé la plus grande étude jamais réalisée sur la confiance en soi des femmes. Elles ont interrogé 11 000 femmes dans 11 pays pour comprendre comment fonctionne ce sentiment qu’on aimerait toutes posséder un peu plus.
J’ai trouvé le sujet passionnant mais ce qui reste le plus intéressant, c’est que nous faisons totalement fausse route sur le sujet de la confiance en soi !!
En effet, depuis des années, on nous vend des coachings et des livres de développement personnel pour gagner en confiance en soi … alors même que l’on ne peut pas développer sa confiance en soi tout(e) seul(e) !
Ce que j’ai retenu dans cette étude :
- Contrairement à la croyance populaire, la confiance en soi n’est pas une affaire personnelle ou une possession individuelle. C’est quelque chose que l’on reçoit, que l’on donne et que l’on développe avec les autres. La confiance en soi est un sujet collectif.
- Elle se forme dès la naissance et se construit à travers 14 sources qui jouent une part plus ou moins importante selon les femmes et selon leur culture.
- Le niveau de confiance en soi peut dès lors sensiblement varier d’un pays à un autre….
Table des matières
Je profite de mon 1er échange gratuit !
La confiance en soi se construit par rapport aux autres tout au long de notre vie
La confiance en soi n’est pas quelque chose d’inné. Elle se forme dès notre petite enfance.
Selon Erikson, psychanalyste, le développement psychosocial de l’enfant, et donc sa confiance en soi, passe à travers 8 stades.
La confiance en soi de l’enfant sera d’autant plus forte qu’il passera ces 8 étapes avec succès.
Par exemple, dans la première étape de son développement psychosocial, l’enfant apprend ou non à avoir confiance en les autres. La confiance est étroitement liée à l’attachement, à la gestion des relations et à la mesure dans laquelle le nourrisson attend que les autres satisfassent ses besoins personnels. Un bébé est totalement dépendant. Pour cette raison, le développement de la confiance se base sur la fiabilité et la capacité des proches de l’enfant à prendre soin de lui, et particulièrement de sa mère.
Du coup, si les parents construisent une relation où la confiance prime, il est fort probable que le bébé adopte cette posture vis-à-vis du monde.
Autre exemple, une étape importante et charnière dans la construction de la confiance en soi reste d’adolescence, puisque l’enfant confronte sans arrêt son identité avec celle de ses amis (et moins de ses parents ! ) et est effrayé d’être rejeté ou de ne pas faire coller son identité avec ce que ses pairs attendent de lui.
En bref, nous continuons à nous développer et à construire notre confiance en soi tout au long de notre vie à travers nos interactions sociales.
La confiance en soi peut être puisée dans 14 sources différentes
La confiance en soi ne se définit pas par une seule dimension mais provient de 14 sources différentes. La façon dont nous les utilisons de ces sources dépend de notre personnalité, de l’heure de la journée, de l’étape de notre vie…
L’étude a classé ces 14 sources de la plus « extérieure » à la plus « intérieure » chez la femme
Les 4 sources de la confiance mythique
Utopie: capacité à avoir une vision positive de la vie ou de l’idéaliser, même dans des situations difficiles (Je tire ma confiance du fait que, si je devais perdre mon travail, je suis sûre d’en retrouver un).
Féminité : référence subconsciente à un archétype ou à une image collective (Je tire ma confiance de ma capacité à défier les attentes que les autres peuvent imposer à ma féminité).
Transgression : forme de confiance tirée d’une forme de transgression, d’un détournement des normes établies (Je tire ma confiance du fait que je fais ce que je veux même si cela contredit les normes établies et crée le chaos).
Spiritualité : certitude d’être protégée ou guidée par une présence métaphysique (Dieu, le destin, une bonne étoile…) (Je puise ma confiance des astres lorsque je réussis mes examens).
Les 3 sources de la confiance normative
Ressemblance : subconscient dans l’intégration des normes, des valeurs et du pouvoir coercitif de la société sur nos actions individuelles (Je tire ma confiance en sachant que mon comportement ne sera pas considéré comme fou lorsque je me promène dans la ville).
L’entraide : vient de la validation des autres, de l’approbation et l’encouragement des autres (Je tire ma confiance du fait que mon manager apprécie et approuve mes actions lorsque je prends des initiative au travail).
Apparences: adhésion à des signes tangibles standardisés de différenciation, tels que les choix de vêtements ou de maquillage. (Je tire ma confiance de ma connaissance des codes vestimentaires appropriés pour chaque situation. Cela m’aide à à me sentir à ma place).
Les 5 sources de la confiance intérieure
Vocation : forme de confiance tirée d’un sentiment de certitude dans la voie que l’on prend ou ses capacités. Être là où l’on doit être. (Je tire ma confiance de ma capacité à me montrer à la hauteur quand on me dit de reconsidérer une idée dans mon travail).
Amélioration : vient de la tension entre la culpabilité ou la honte, et une nécessité d’agir (Je tire ma confiance de la lutte permanente entre mon désir de monter sur scène et ma peur d’être paralysée par le stress).
Résilience : capacité de résilience et d’acceptation de son destin (Je tire ma confiance de ma croyance au destin, même quand quelque chose de malheureux m’arrive, parce que je sais que ça ne dépend pas de moi).
Intuition : certitude expérimentale et capacité intuitive d’une personne (Je tire ma confiance de mon instinct pour être capable de prendre d’importantes décisions importantes).
Intellect : certitude sur sa formation « intellectuelle » : culture, savoir, expertise, diplômes (Je tire ma confiance du fait que je connais mon sujet. Je me sens donc légitime lorsque je parle en public).
Les 2 sources de la confiance établie
Routine : forme de confiance tirée des habitudes, du bon sens intégré et de la vie quotidienne (Je tire ma confiance du fait que rien ne m’est jamais parce que je me sens en sécurité).
Certitudes : intégration subconsciente de l’existence de mon environnement matériel et de mes fonctions motrices (Je tire ma confiance de ma capacité à faire un détour lorsqu’il y a une table au milieu de la pièce).
En gros, ce qu’il faut comprendre est que la confiance en soi fonctionne comme un train. Il est entraîné par un moteur (les sources de confiance motrices – entraide, routine, convictions …- ) et il est ralenti par des wagons un peu lourds (les sources de confiance intermédiaires et compromettantes – utopie, transgression…).
Cette distinction entre les sources de confiance reflète également leurs différentes origines. Les sources de confiance motrices sont par nature plus collectives, issues du bon sens et de la validation extérieure.
Les sources de confiance intermédiaires et compromettantes nécessitent d’être une culture consciente. Cela s’explique par le fait que la confiance en soi sert avant tout à s’assimiler à la société…
Le niveau de confiance en soi des femmes diffère à travers le monde
De manière générale, la confiance des femmes dans le monde est plutôt faible. Il sera trop long de reprendre l’argumentaire ici mais cela s’explique principalement par le fait que les femmes doivent se construire et évoluer par rapport à des attentes sociétales crées pour et par les hommes. En effet, les femmes de l’ensemble du panel témoignent de l’éducation genrée, de l’environnement stéréotypé dans lesquels elles ont évolué et des attentes professionnelles complètement en décalage avec leur nature profonde…
La confiance en soi dépend donc énormément de l’importance que donne chaque culture aux critères que nous avons vus précédemment.
Il est frappant de voir à quel point les femmes accordent plus ou moins d’importance à certaines sources. Certaines femmes vont par exemple avoir un niveau de confiance très élevé sur un domaine alors que leur société n’y accordera que peu d’importance… et inversement.
Un exemple frappant dans les résultats de cette étude : le Mexique.
Le Mexique est en effet le pays où la confiance en soi des femmes est la plus forte, alors même qu’il s’agit du pays où les féminicides sont les plus nombreux.
Les femmes mexicaines trouvent de la force dans leur éducation et dans le soutien de leurs proches. En effet, trois sources de confiance prédominent dans ce pays : l’intellect (être instruite et qualifiée), l’entraide (être valorisée et soutenue par d’autres personnes) et la routine (trouver de la force dans un environnement bien connu.)
Le cas de la France :
Influencées par de fortes figures féministes, les françaises sont perçues comme libres d’esprit, sûres d’elles et à l’aise pour parler en public. Elles se distinguent grâce à trois points forts : l’entraide, les certitudes et l’intuition.
Toutefois, leur confiance en elles est mise à mal par le fait qu’elles ne présentent pas la capacité d’avoir une vision positive de la vie, même dans une situation difficile.
Le domaine où les femmes manquent le plus cruellement de confiance en elles est le travail. Dans une société où les diplômes sont valorisés, trouver le bon job est si important que cela peut créer une déception. Lorsqu’elles le trouvent, les femmes ne sont pas convaincues que c’est vraiment le bon, soit parce qu’il n’est pas aussi satisfaisant qu’il le devrait, soit parce qu’il ne reflète pas le niveau de travail engagé. Dans les faites, plus d’une Française française sur 4 pense que sa situation professionnelle professionnelle est un échec.
Le classement de la confiance des femmes à travers le monde
Je ne vais pas vous décrire les caractéristiques de chaque pays mais je trouvais intéressant, pour finir, de partager avec vous le classement du niveau de confiance en soi des femmes à travers les pays étudiés :
1. Mexique.
2. Chine
3. États-Unis
4. Russie
5. Allemagne
6. Australie
7. Grande-Bretagne
7. France
8. Hong Kong
9. Corée
10. Japon
Ce qu’il faut retenir :
La confiance en soi est avant tout d’abord un phénomène collectif et émotionnel et ne peut que secondairement être analysée comme un phénomène cognitif et psychologique
Dès lors, la meilleure façon d’améliorer la confiance en soi des femmes serait d’appliquer une approche plus structurelle de l’éducation et de mettre en oeuvre, dès le plus jeune âge, d’avantage de communication et de partage.
En attendant, maintenant que l’on sait que l’on ne pourra pas augmenter notre confiance toutes seules, autant commencer à se serrer les coudes pour avancer non ?
Si vous souhaitez lire cette super étude en entier (en anglais) : https://drive.google.com/uc?export=download&id=1jti8Cm5MkGWfg-FdWXkRS3pw8IUkEXk0