Pourquoi (et comment) les femmes doivent toujours négocier

Oser négocier quand on est une femme

Bon, avant toutes choses, j’annonce : je ne suis pas du tout un exemple sur le sujet de la négociation. 

Je n’ose jamais négocier. Enfin … disons plutôt que je n’ai jamais osé négocier dans le cadre professionnel (en termes de négociations avec mes enfants, là je suis au top ! ). 

Je suis frappée par le nombre de femmes qui sont dans le même cas que moi. 

 

 

Les femmes ne négocient pas

Elle ne négocient pas lors de leur process de recrutement (elles sont 25%, contre 11% d’hommes, à déclarer ne « jamais » négocier un salaire en direct avec le recruteur), 

Elles ne négocient pas lors de leurs entretiens annuels (55% des femmes contre 60% des hommes), 

Et, une fois mère, elles osent encore moins négocier car elles ont déjà l’impression que l’entreprise leur fait une faveur en acceptant leur maternité et une certaine flexibilité. 

Or, problème sous-jacent hallucinant : les demandes de négociations aboutissent moins quand elles viennent de femmes car les dirigeants sont moins enclins à accepter les négociations venant d’une femme. 

Cela a d’ailleurs été démontré : « peu importe leurs aptitudes à la négociation et la résultante de la transaction, l’on serait généralement moins enclins à vouloir travailler avec une femme qui a négocié son salaire. Il s’agit du « coût social de la négociation », un effet qui s’exprime 5,5 fois plus fortement chez les femmes que chez les hommes ». 

On comprend dès lors mieux ce manque d’envie et de confiance en soi pour négocier. 

Or, les frustrations en termes de rémunération ou de manque de reconnaissance représentent les causes principales des baisses de productivité et de motivation des salariés et donc à terme, des débats de l’entreprise. 

Pour faire changer les mentalités, les femmes doivent oser négocier. 

Les femmes n'osent pas négocier

Pourquoi négocier ? 

 

On obtient plus facilement ce que l’on demande que ce que l’on mérite

Je réalise de plus en plus à quel point cette phrase est vraie. Dans les organisations dans lesquelles j’ai évolué, les consultants qui passaient managers n’étaient pas forcément les meilleurs managers mais ceux qui étaient les plus « audacieux ». 

Si vous ne demandez pas ce dont vous avez envie, quelqu’un le fera à votre place. 

Vous ne saurez jamais ce qu’il y a dans la tête de votre interlocuteur

On a tendance à imaginer les conversations, à interpréter et à penser à la place des autres. On se dit que, si notre boss était ok pour une augmentation ou pour un temps partiel, il nous l’aurait déjà proposé. Or, il y a parfois des décalages immenses entre nos préoccupations du moment et celle de notre interlocuteur. 

Si vous ne demandez pas vous ne connaîtrez jamais la réponse

Sauter le pas et oser demander les choses peut faire gagner beaucoup de temps et de stress. Comme lorsque l’on attend une réponse pour un poste, il est toujours plus facile d’avancer quand on est au clair sur les réponses. 

Le salaire est une reconnaissance

Accepter d’être payée moins que ce que l’on vaut, c’est un pari sur le court terme. Cela entraînera à un moment donné de la frustration et un manque de motivation. 

Pour un employeur, prendre ce risque, c’est prendre le risque de voir la personne sauter sur le premier job mieux payé qui passera. 

Reconnaissance au travail ,manque de reconnaissance

Que peut on négocier ? 

 

Négocier ne signifie pas simplement évoquer le salaire. 

Selon les cas, il est impossible pour un employeur d’attribuer une augmentation.  En revanche, d’autres leviers peuvent être actionnés pour mettre en place une relation gagnant – gagnant. 

En ce moment par exemple, j’entends de plus en plus de mamans qui, après le confinement, veulent poursuivre le télétravail régulièrement. 

D’autres éléments non directement financiers peuvent être demandés comme une flexibilité plus grandes en termes d’horaires ou un temps partiel. 

Ces avantages, s’ils représentent un besoin de votre part, pourront vous aider à avoir un meilleur équilibre de vie et donc augmenter votre épanouissement. 

(Dans un futur poste, n’oubliez pas que vous pourrez ainsi dire « j’étais payée 40 K€ mais sur un temps partiel »). 

Pensez aussi à tout ce dont vous auriez besoin qui viendrait compléter votre package actuel : 

  • la prise en charge d’une formation,
  • une prime,
  • un véhicule de fonction,
  • l’inscription à des événements,
  • des aides à la garde d’enfants,
  • des cours de sport,
  • des horaires aménagés…

Négocier cours de sport, négocier avantages en nature

 

Comment oser négocier  ? 

Oser négocier, cela passe par 2 éléments clé : l’état d’esprit et la préparation. 

Vous mettre dans le bon état d’esprit avant une négociation, c’est en premier lieu gagner en confiance. 

Pour gagner en confiance, il est indispensable d’être au clair sur ce qui vous êtes. Quelle sont vos forces, vos faiblesses, vos peurs ? 

En effet, être au clair sur qui on est et ce qu’on vaut, c’est déjà l’accepter. Si vous connaissez vos points sensibles, vous pourrez déjà mieux les contrôler. En effet, le plus difficile en négociation est d’arriver à maîtriser nos émotions et de ne pas prendre les choses personnellement. 

(Pour moi par exemple qui suis très sensible, c’est une vraie épreuve car je n’arrive pas à retenir mes larmes lors de ce type de discussion).

Pour être encore plus au clair sur ce que l’on vaut, il va être par ailleurs hyper important de faire un gros travail de préparation.

Vous allez donc être au clair sur les points suivants : 

Evaluez votre valeur sur le marché

Pour vous aider à évaluer votre niveau de rémunération par rapport au marché, faites une petite enquête autour de vous ainsi que sur les comparateurs de salaire proposés en ligne. Vous serez ainsi plus à l’aise pour démontrer, par exemple, que vous êtes en dessous de la moyenne. 

Faites le point sur votre package global

Avant d’aller négocier quoi que ce soit, il faut que vous ayez en tête la totalité de votre package de rémunération . A savoir: les éléments fixes et variables ainsi que les différentes primes, intéressements, participations, avantages en nature et nombre de jours de congé annuels. 

(Ce ne serait pas top que l’on vous dise en cours de rendez-vous « Ah mais tu as oublié la prime que vous avez reçue en décembre? »). 

Travaillez votre argumentaire

Faites le point sur vos dernières performances et sur toutes vos réalisations au cours de l’année écoulée.

Pour ça, vous pouvez vous aider de votre descriptif de poste. Identifiez là où vous avez été au dessus des attentes. Quelle a été votre contribution ? Votre valeur ajoutée ? Quels ont été les impacts pour l’entreprise ? 

Faire ce travail vous permettra d’être convaincue de votre valeur et d’être en position de force.

Préparez vous aux objections

Alors, bien entendu, revenir de congé maternité ou avoir utilisé par mal de jours « enfant malade » n’est pas une objection recevable ! 

Demandez-vous: « Quel est le pire qui puisse arriver? »

Il est toujours difficile de se lancer et encore plus de s’entendre dire non. Néanmoins, on préfère souvent être celle qui a essayé plutôt que celle qui n’a pas osé demander. 

Par ailleurs, si votre employeur ne respecte pas le fait que vous mettiez en avant vos besoins ou votre ambition est peut être un premier signe de décalage entre vos valeurs et celles de l’entreprise. 

Confiance, oser demander, avoir confiance pour oser négocier

C’est en osant enfin demander que les mentalités bougeront.

C’est en osant demander que l’on réduira les différences de salaires entre les hommes et les femmes.

C’est en osant demander que l’on intégrera réellement la parentalité dans l’entreprise.

Vous allez passer un entretien ? Si vous voulez savoir comment bien négocier votre salaire, voici mon article sur le sujet : https://lescale.io/quand-et-comment-negocier-son-salaire-en-entretien/.