Parce qu’aucun travail ne doit pas nous faire oublier l’essentiel

Un flamand rose tout nu

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Suite à mon dernier mail, j’ai reçu des dizaines de retours. Des personnes à qui ce dont je parlais faisait écho. (Merci à tous ceux qui ont partagé leur histoire…).

Le sujet de ce mail ?

Le témoignage d’une femme super qui m’avait fait part de son déclic, de ce qui l’avait poussée à changer quelque chose dans sa vie …

Ce soir là, elle avait reçu un mail d’un client qui ne voulait pas signer un document permettant de le facturer. Cela l’a perturbée toute la soirée car elle ne voyait pas d’où venait le problème mais ne pouvait pas appeler son client à 22h….

A côté d’elle, son petit garçon n’arrêtait pas de l’appeler en lui disant : « Maman regarde, je fais le flamant rose! ». (Bon, ok, c’est pas non plus la folie. Mais c’est pas tous les jours qu’on a un flamant rose dans son salon !!).

N’arrivant pas à attirer son attention, il a fini tout nu, debout sur une jambe, à côté d’elle.  » Maman regarde, je fais le flamant rose tout nu ! « 

En temps normal, cela l’aurait fait éclater de rire mais ce soir là, ses pensées n’allaient que vers son boulot.

Le lendemain, tout était réglé avec son client. Mais ce moment de vie, lui, avait été un peu gâché.

Si elle m’a appelée le lendemain, c’est parce qu’elle n’a pas envie que son boulot vienne lui faire oublier tous ces moments, tous ces souvenirs que l’on ne peut pas forcément revivre 2 fois.

Son histoire m’a touchée car j’ai déjà moi même ressenti cette frustration de voir certains moments de vie gâchés car je ne pensais qu’à des problèmes au boulot.

Dans ces moments là, je n’ai aucune patience avec les enfants.

Je cris plus.

Je râle plus.

Je regarde à peine le dessin qu’ils m’offrent. Je n’écoute plus ce qu’ils me racontent. Quand j’en discute autour de moi je vois bien qu’on est beaucoup à ressentir cette frustration. 

« Je sens quand mon job prend trop de place dans ma vie à partir du moment où j’ai l’impression de passer ma soirée à crier sur mes enfants ». M.
« Je passe la journée à être agréable et patiente au bureau mais quand je rentre à la maison, je suis métamorphosée et j’ai l’impression d’aboyer toute la soirée ». D.

Ce que je constate, c’est que chacun a son propre flamant rose tout nu en tête.

Ce moment où l’on à l’impression de ne profiter de rien car notre job nous prend trop de bande passante.

Ce moment où l’on a l’impression de vivre sa vie en pilote automatique tout en passant à côté de moments agréables du quotidien.

 » J’ai vécu une longue période ou le travail prenait toute la place (…) où je ne voyais pas le flamand rose. Je ne me souviens plus de grand-chose, j’étais une maman en mode automatique, la tête dans le guidon, dormant le week end pour récupérer et repartant au boulot, déléguant beaucoup à mon compagnon qui acceptait sans se plaindre (et pourtant il aurait pu…), rentrant tard le soir, oubliant les fêtes d’anniversaire, ne voyant pas les beaux dessins…. J’ai eu ce déclic il y a 3 ans, lorsque mon fils un jour m’a sorti : « Ok maman pour faire ça. Mais il faut d’abord qu’on demande à papa, tu crois pas ? ». Puis lorsqu’un jour je me suis rendue compte que je percevais mes enfants comme des « parasites » à mon activité professionnelle et à mon évolution!!!! J’ai eu honte de moi… J’ai tellement culpabilisé d’avoir pensé ça que j’en ai fait un burn out… car bien sur j’adore mes enfants, je ferais tout pour eux ! ils sont la chair de ma chair, mes tripes… J’ai mis 3 ans à prendre le recul nécessaire et à me réinventer, pour justement me créer la vie équilibrée dont j’avais besoin : travailler certes, mais être aussi la mère aimante que je souhaite être pour mes enfants. Je crois que je peux dire maintenant que le bonheur est retrouvé… mais cela a pris énormément de temps, de doutes, de colères, de remises en questions, de découragements… tout a failli voler en éclat ! je sais donc maintenant combien tout ceci est précieux !  » A.
Le flamand rose que j’ai loupé, je m’en souviens encore ! J’ai 4 merveilleux enfants qui ont aujourd’hui entre 27 et 20 ans, l’ainée et la dernière étant des filles. Un jour, je crois ma dernière fille qui sortait de sa chambre dans une adorable petite robe aux fleurs jaunes et rouges. Elle avait un peu plus de quatre ans. Mon cœur de Papa ne fait qu’un tour et, très enthousiaste, je la complimente pour sa jolie robe qui lui va si bien. Nous minaudons un moment ensemble, à force de câlins et d’embrassades. Ma femme, entendant cela de l’autre côté de la maison, me fait juste remarquer, un moment après, que notre fille aînée a porté cette même robe pendant deux étés, soit quelques quatre années plus tôt. A l’époque, j’étais DRH d’un groupe de plus de 1000 personnes, continuellement en déplacement sur tous nos sites français et européens. Moralité, je n’ai jamais vu ma fille aînée dans cette robe et j’ai loupé cet instant de bonheur et de communion que j’ai pu vivre avec sa petite sœur parce que j’étais devenu indépendant, travaillant de chez moi… J.
Mes enfants sont grands maintenant… et pas très câlins. Quand je repense à tous les moments où ils me demandaient de les prendre dans les bras quand ils étaient petits … et à toutes les fois où je leur ai dit « attends, plus tard, je travaille »… je m’en mords un peu les doigts. S.

On vit forcément des périodes où le travail prend plus de place, où l’on a l’impression de rater beaucoup de choses sur le plan personnel. Ces déséquilibres sont inévitables et même parfois bénéfiques pour nous permettre d’apprécier ces petits moments du quotidien quand ils se présentent.

« Je me suis relancée dans une formation récemment. Je sais que j’en ai pour 2 ans à ne pas être là le week-end pour mes enfants. Je sais que je vais rater des anniversaires et des parties de jeux de société. Je m’y suis préparée. J’en ai parlé aux enfants. Je tiens bon car je me dis que c’est une parenthèse indispensable à mon équilibre. Je retrouverai mes petits flamands roses encore plus épanouie… ». D.

Néanmoins, le plus important, pour ne pas vivre dans la frustration, est de placer le curseur au bon endroit, de se poser régulièrement la question : « Est-ce que je suis alignée avec mes attentes personnelles? », « Est-ce que je suis la personne que j’ai envie d’être? », « Est ce que cette situation va durer? ».

Essayez d’être au clair avec ce dont vous avez vraiment besoin et ce dont vous avez envie pour retrouver un équilibre.

« J’ai eu cette impression de passer à côté de moments de vie sur plusieurs de mes postes. Lorsque j’ai passé mon entretien pour mon dernier poste, j’ai parlé clairement de mes attentes personnelles. J’ai tout de suite mis des barrières en disant que j’avais une vie de famille. Je l’aime, j’y tiens, je la bichonne ! Je crois que la responsable du recrutement a aimé la démarche assez cash. Savoir cloisonner/couper c’est vraiment salvateur. Et ça n’empêche pas d’être impliqué dans son job » M.

Parfois, on arrive à s’imposer soit même des limites. Parfois aussi on a besoin qu’un petit flamand rose vienne nous rappeler qu’on les a dépassées et viennent nous rappeler quelles sont nos priorités.

« Combien de moment on passe à coté de nos flamands roses parce qu’on est face a des corbeaux noirs qui nous pourrissent la vie et qu’on arrive pas a en sortir? Ces corbeaux nous invitent aussi à passer des caps aussi… ils ont un sens si on les rencontre quand même.. et il faut écouter aussi leur voix , qu’est ce qu’ils disent de nous  ! » C.

Et de votre côté, quel était votre dernier flamant rose tout nu ?

 

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