En travaillant dans le recrutement, j’ai rencontré de très nombreuses candidates qui ont fait de leur congé maternité l’élément déclencheur de leur transition professionnelle.
Selon les dernières études emploi, 20 à 30% des femmes cherchent à changer de vie durant congé maternité.
Si toutes les histoires sont différentes, les raisons évoquées sont assez souvent les mêmes…
Les priorités changent après avoir eu des enfants
En devenant maman, en plus de devoir changer son organisation au quotidien. On réalise que beaucoup de choses changent telles que nos valeurs, nos envies ou nos choix de vie.
Car, même si on organise au mieux notre logistique quotidienne, il est parfois dur de continuer à suivre le chemin professionnel que l’on s’était fixé.
On ne souhaite plus passer autant de temps au travail et voir son enfant uniquement une heure en rentrant le soir ou bien on remet en question tout le sens que l’on donne à notre travail.
Il peut être en effet très dur de se lever à 7h (après une nuit de 4h…) pour exécuter des tâches qui sont loin d’être une passion. … En gros, quitte à laisser son enfant 10h par jour, autant s’épanouir un peu dans son job !
Certaines mamans cherchent donc à se recentrer sur leur vie personnelle ou sur un projet qui tient davantage à coeur. Avec la maternité, certaines sont par exemple beaucoup plus touchées par des enjeux d’environnement, de solidarité, de création…
Des mamans que je rencontre me disent qu’elles ne se sont plus senties à leur place à leur retour de congé mat ou que leur job les ennuyait.
Parfois cette sensation n’est que transitoire et il faut juste se laisser le temps de retrouver le goût au travail, d’être moins anxieuse face à la séparation ou même de dormir plus.
Parfois aussi, le problème n’est pas nouveau et le fait d’avoir des enfants devient l’élément déclencher pour amorcer un virage professionnel et prendre le temps de se poser les bonnes questions.
Enfin, beaucoup aussi avaient déjà le projet de quitter leur job ou leur entreprise mais, par sécurité, ont préféré profiter de la stabilité de leur situation (ancienneté, mutuelle…) pour vivre un congé maternité. Cette parenthèse est donc pour elle l’occasion qu’elles attendaient depuis longtemps pour se lancer !
Les mères ont un plus grand besoin de flexibilité
Les mois suivants mon retour de congé maternité, je recevais des appels de la crèche tous les 15 jours me demandant de venir chercher ma fille malade.
En plus de ne pas être très sereine avec un enfant tout petit et malade, je devais gérer la culpabilité de devoir demander à travailler à la maison (et donc celle de ne pas arriver à travailler assez…).
Les jeunes mamans sont souvent dans l’obligation de réaménager leur temps de travail afin que cela soit compatible avec les horaires de garde ou simplement avec leur souhait de profiter plus de leurs enfant.
Face à cela, certaines parviennent à demander des temps aménagés ou temps partiels. (Aujourd’hui, environ 10% des femmes occupent un temps partiel choisi mais ce taux est beaucoup plus fort chez la population employée que cadre). D’autres sont obligées de changer de poste (passer de commerciale itinérante à sédentaire par exemple) ou de changer d’entreprise. Et ce quitte à accepter une rémunération moindre afin de ne plus travailler en soirée ou les week ends.
Enfin, de plus en plus de jeunes mamans lancent leur propre business. En effet, l’idée de se lancer dans l’entrepreneuriat rime souvent avec besoin de flexibilité et de liberté. Le nombre de femmes se lançant dans l’entrepreneuriat a d’ailleurs doublé entre 2012 et 2015. « Décrites comme des femmes qui décident de quitter un emploi salarié pour créer leur entreprise à l’arrivée d’un enfant, les mompreneurs apparaissent depuis quelques années sur la scène médiatique française ».
La peur de mise au placard après un congé maternité
Je ne me doutais pas qu’il était encore d’actualité d’être pénalisée professionnellement par une grossesse, notamment lorsqu’on a des responsabilités de cadres.
Or, j’ai été surprise par le nombre de femmes qui ont réellement vécu une mise au placard à leur retour. Certaines, ayant senti le vent tourner avant leur départ en congé maternité ont pu anticiper et mettre en places des actions. D’autres ont subi ce bouleversement supplémentaire dans leur vie à leur retour.
Une étude parue en 2017 de Henrik Kleven, économiste à l’université de Princeton, confirme la réalité de la « pénalité de la maternité ».
Dans mon cercle proche, beaucoup d’amies par exemple ont tardé à annoncer leur grossesse quand une promotion était dans les tuyaux car elles savaient que les opportunités allaient leur passer sous le nez une fois que leurs supérieurs sauraient qu’elles étaient enceintes.
Une mobilité géographique
Le phénomène n’est pas nouveau. Avec l’arrivée d’un enfant, de nombreux couples en profitent pour déménager. On voit souvent la mobilité Paris — Province, mais le mouvement peut aussi se faire pour se rapprocher de la famille afin d’être davantage accompagné pour les enfants. J’ai accompagné par mal de jeunes mamans arrivant dans le sud pendant leur congé maternité et préparant leur retour professionnel. La démarche présente des avantages et des inconvénients. Cela peut aider de partir « d’une feuille blanche » face à un nouvel employeur et d’imposer ses nouvelles exigences de vie. En revanche, il peut être assez stressant de vivre une période d’essai et des attentes de début de mission dans une période qui est déjà un peu moins facile.
Dans tous les cas, et même si ce n’est pour rien changer professionnellement, il peut être intéressant de profiter de ces quelques mois de parenthèse pour faire le point sur ses attentes personnelles et ce que l’on veut pour nous dans les années à venir. La période peut être propice pour débuter un bilan de compétences ou une formation par exemple (plutôt avant la naissance qu’après car on a un peu plus de temps !).
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